Quel est ton parcours, qu’est-ce qui t’as donné envie de peindre ? Je suis allé à la fac d’arts plastiques à Bordeaux et obtenu mon master. A l’époque je m’intéressais moins à la peinture «traditionnelle» et ma principale activité était le tag et le graffiti. Et puis peu à peu la bombe et mon goût pour le street ont laissé place à des outils plus traditionnels. En m’intéressant vraiment à la peinture, à toutes les richesses qu’on peut y trouver dans les siècles qui nous ont précédé, j’ai commencé à développer un univers plus pictural, plus matiériste en bossant davantage les effets de clair/obscur. L’évolution est continue, j’apprends à chaque fois que je peints une toile donc je suis curieux de voir la suite..Qu’est ce qui t’inspire à travers ces peintures du corps humain ? Le corps pour moi c’est la vie, c’est nous, la réalité physique des gens m’impressionne, cette présence organique est forcément expressive de tout individu qui s’impose à nous me fascine. Et si on regarde les gens de cette manière, on peut voir la beauté du corps de chacun dans l’humanité qu’il dégage, ce qu’il a d’unique et à la fois tellement similaire et proche de nous-même.Tous les artifices, l’avant-garde pour l’avant-garde, ou autre conceptualisme ne m’intéressent pas tellement. L’objet par exemple, ou les démarches autour de la notion d’espace, même si je peux y trouver de l’intérêt et comprendre leur nécessité, cela ne me touche pas beaucoup. J’ai jamais été fan de la réflexion de l’art sur lui-même en tout cas en tant que spectateur. C’est la vie, la peur, le cul, les rires les larmes le sang et du coup la chair, les tissus, les visages qui captent mon regard.Quelles sont les expositions et les artistes qui t’influencent ? Je trouve à la peinture de la deuxième moitié du 19ème recèle des tas de trucs intéressants. Cette crise que traversaient les peintres lorque la photo est née et qu’elle a pris leur place de copieurs du réel. La peinture a dû trouver une autre voie et beaucoup de choses géniales ont immediatement jaillies de tout ça et bien avant le début du 20ème. Je pense à quelqu’un comme Lawrence Alma-Tadema par exemple.Dans la peinture contemporaine, un mec comme Gerhard Richter m’a vraiment marqué et je continue de m’extasier devant ses boulots.Sinon aujourd’hui, il y a tellement d’artistes intéressants dans la peinture figurative, je trouve le travail de Lou Ros impressionnant d’intelligence et de beauté.Comment se passe la réalisation d’une de tes toiles ? Mes peintures résultent de photos que je prends ou trouve et que je traduis plus ou moins fidèlement sur la toile. Je procède de deux façons. Soit comme la plupart du temps, j’ai une idée précise de ce que je veux peindre et surtout de l’effet que je veux avoir sur celui ou celle qui va voir le tableau. Dans ce cas, je fais en sorte, et c’est pas toujours facile, de créer l’image en photo que j’ai en tête, en faisant poser des connaissances ou des inconnus. J’ai souvent recours à la retouche d’images pour arriver à obtenir quelque chose qui s’en approche le mieux. Soit, et c’est plus rare, j’ai pris une photo ou je tombe sur une photo qui me donne envie d’en faire un tableau sans l’avoir anticipé. Après ça dans l’exécution, j’essaie de me concentrer sur les effets de lumière pour rendre cette réalité organique dont je parlais plus haut.Quels sont tes projets ou les projets que tu aimerais réaliser ?J’ai fait la rencontre d’une réalisatrice canadienne de courts pendant le dernier festival de Cannes et elle m’a proposé de peindre tous le décors de son prochain film dans mon propre style. Je suis pas sûr d’avoir encore tout compris à son projet mais l’idée serait de mettre en scène un monde artificiel fait de faux semblant. J’ai pensé au «Dogville» de Lars Von Trier et ça m’a tout de suite branché d’autant qu’elle aura une subvention pour me faire aller là-bas gratos!!!