Comment les habitants se sont-ils sentis émotionnellement suite à la catastrophe ? A.D. Au début, les gens étaient dans la sidération. Très vite, il y a eu un élan de solidarité parmi les villageois. Beaucoup étaient dans le faire pour ne pas penser. La réalité a ensuite commencé à se fissurer et ils se sont rendus compte de l’ampleur des dégâts, avec la conscience que la mort n’avait pas été loin pour certains. Des troubles psychologiques sont-ils apparus ? A.D. Oui, des angoisses, des troubles dépressifs et du sommeil, des problèmes somatiques, de la colère, et pour certains, des désorientations psychiques. Perdre sa maison, ses objets et ses repères, c’est perdre un sentiment de sécurité et cela renvoie à sa propre vulnérabilité. Paradoxalement, une majorité de personnes avait des difficultés à être aidée. Beaucoup n’admettaient pas qu’ils avaient été sinistrés, parce qu’il y avait toujours pire qu’eux. Ils étaient dans une sorte de déni. Comment les victimes peuvent-elles trouver les ressources pour se reconstruire ? A.D. Il faut mettre des mots sur ses émotions et ne pas rester dans le non-dit, s’autoriser à pleurer, à craquer quelque part. Il ne faut pas non plus hésiter à chercher le secours d’un professionnel, un psychologue ou un psychiatre, quand on n’y arrive plus. C’est important d’avoir un espace de parole pour se libérer de ce qu’on a vécu. Les symptômes réactionnels sont normaux, le souci est quand ils commencent à s’installer. Et quel discours adopter vis-à-vis des enfants ? A.D. C’est important d’exprimer le ressenti de chacun en famille, et de ne pas hésiter à dire en tant que parent que l’on a été choqué, triste, ou inquiet. Ce partage d’émotions va permettre à l’enfant de ne pas se sentir seul et piégé dans ses sentiments. Il ne faut pas non plus vouloir être dans la réassurance extrême et faire la promesse intenable qu’un tel événement n’arrivera plus. Il faut maintenir aussi au maximum les habitudes familiales, avec les rituels. Après bien sûr, le dialogue se fait en fonction de l’âge et de la personnalité. Comment l’entourage doit-il se comporter vis-à-vis des victimes ? A.D. Que ce soit pour un adulte ou un enfant, l’essentiel est de respecter l’autre, de ne pas trop le questionner, ni de le forcer à parler, mais de le laisser venir. Le temps de la résilience va-t-il être long ? A.D. Comme pour un deuil, la résilience nécessite de passer par certaines étapes comme la tristesse ou la colère. Il faut accepter que cela a été un moment difficile. Le retour peu à peu à une vie normale, avec de nouveaux repères, les travaux qui avancent et le paysage qui se redessine, vivre de nouvelles saisons... tout cela va aider à se reconstruire, même si ces populations vont avoir besoin de soutien pendant longtemps. Aurore Dunaud, Psychologue territoriale au Département Il faut mettre des mots sur ses émotions Comment les habitants se sont-ils sentis émotionnellement suite à la catastrophe ? A.D. Au début, les gens étaient dans la sidération. Très vite, il y a eu un élan de solidarité parmi les villageois. Beaucoup étaient dans le faire pour ne pas penser. La réalité a ensuite commencé à se fissurer et ils se sont rendus compte de l’ampleur des dégâts, avec la conscience que la mort n’avait pas été loin pour certains. Des troubles psychologiques sont-ils apparus ? A.D. Oui, des angoisses, des troubles dépressifs et du sommeil, des problèmes somatiques, de la colère, et pour certains, des désorientations psychiques. Perdre sa maison, ses objets et ses repères, c’est perdre un sentiment de sécurité et cela renvoie à sa propre vulnérabilité. Paradoxalement, une majorité de personnes avait des difficultés à être aidée. Beaucoup n’admettaient pas qu’ils avaient été sinistrés, parce qu’il y avait toujours pire qu’eux. Ils étaient dans une sorte de déni. Comment les victimes peuvent-elles trouver les ressources pour se reconstruire ? A.D. Il faut mettre des mots sur ses émotions et ne pas rester dans le non-dit, s’autoriser à pleurer, à craquer quelque part. Il ne faut pas non plus hésiter à chercher le secours d’un professionnel, un psychologue ou un psychiatre, quand on n’y arrive plus. C’est important d’avoir un espace de parole pour se libérer de ce qu’on a vécu. Les symptômes réactionnels sont normaux, le souci est quand ils commencent à s’installer. Et quel discours adopter vis-à-vis des enfants ? A.D. C’est important d’exprimer le ressenti de chacun en famille, et de ne pas hésiter à dire en tant que parent que l’on a été choqué, triste, ou inquiet. Ce partage d’émotions va permettre à l’enfant de ne pas se sentir seul et piégé dans ses sentiments. Il ne faut pas non plus vouloir être dans la réassurance extrême et faire la promesse intenable qu’un tel événement n’arrivera plus. Il faut maintenir aussi au maximum les habitudes familiales, avec les rituels. Après bien sûr, le dialogue se fait en fonction de l’âge et de la personnalité. Comment l’entourage doit-il se comporter vis-à-vis des victimes ? A.D. Que ce soit pour un adulte ou un enfant, l’essentiel est de respecter l’autre, de ne pas trop le questionner, ni de le forcer à parler, mais de le laisser venir. Le temps de la résilience va-t-il être long ? A.D. Comme pour un deuil, la résilience nécessite de passer par certaines étapes comme la tristesse ou la colère. Il faut accepter que cela a été un moment difficile. Le retour peu à peu à une vie normale, avec de nouveaux repères, les travaux qui avancent et le paysage qui se redessine, vivre de nouvelles saisons... tout cela va aider à se reconstruire, même si ces populations vont avoir besoin de soutien pendant longtemps.