Sapeurs-pompiers : “Maintenir le fil de la vie” Lumières feutrées, voies apaisées, il règne un calme trompeur au centre de traitement de l’alerte de Nice. Céline, César, Laurent et Dominique ont les yeux rivés sur leurs écrans. “Ils sont le premier maillon de la chaîne de secours”, souligne le capitaine Delbassée-Leflon. 24 h / 24, 7 j / 7, ces opérateurs aguerris se relaient pour répondre aux appels d’urgence. Plus de 600 par jour ! Toutes les deux minutes en moyenne, une nouvelle “décharge émotionnelle” éclate dans leurs écouteurs… “Madame, écoutez-moi. Où êtes-vous ? Que s’est-il passé ?” Avec une précision chirurgicale, les opérateurs enchaînent les questions. Des informations qu’ils vont collecter en l’espace de ces quelques secondes dépend souvent l’issue du secours. Leur mission est de “maintenir la vie”, même lorsqu’elle ne tient plus qu’à un fil… A ce coup de fil au 112 passé par le témoin d’un drame, les opérateurs vont le guider au milieu du chaos et l’aider à accomplir les gestes qui permettront d’empêcher le pire en attendant l’arrivée des pompiers. Tout en maintenant le fil de la vie, les opérateurs du CTA vont aussi devoir calibrer la réponse opérationnelle à engager. Ils peuvent compter sur l’ensemble des moyens du SDIS 061. Plus de 300 sapeurs-pompiers mobilisés chaque jour, et un millier d’engins de secours. Mais Céline, César, Laurent et Dominique tous les opérateurs des deux CTA du département le savent : un drame peut en cacher un autre. Leur rôle est aussi de veiller à ce que les sapeurs-pompiers ne se retrouvent jamais pris au dépourvu. Pour cela, ils sont assistés par un logiciel d’aide à la décision. “Mais rien ne remplacera jamais l’expérience humaine”, insiste le capitaine Delbassée-Leflon. A chaque appel, il faut donc faire des choix. Cette fois, c’est un accident grave sur la route du ski qui vient d’être signalé dans les gorges du Cians. Le tableau est critique : plusieurs véhicules impliqués dont un qui a été projeté au fond du ravin. Dans la même seconde, un bip retentit dans les trois casernes les plus proches. L’alerte se répercute jusque sur le littoral. Une équipe médicalisée est dépêchée en renfort depuis Gilette, tandis qu’à la base hélico de Mandelieu, les sapeurs-pompiers spécialisés dans les interventions en milieu périlleux embarquent dans le “Dragon”. Quelques minutes plus tard, les premiers secours sont déjà à pied d’oeuvre. Parmi eux, le sergent-chef Aurélie Clary. 39 ans, mère de deux enfants, monitrice de ski l’hiver, assistante scolaire auprès d’enfants en situation de handicap le reste du temps, elle est aussi sapeur-pompier bénévole à Valberg. Comme son papa, son cousin, son oncle et son frère. Cet engagement, c’est son ADN, sa passion, voire sa raison d’être. Alors “dès que le bip sonne”, comme elle dit, Aurélie met sa vie personnelle et professionnelle “entre parenthèses”. Même si ce n’est pas toujours évident de quitter sa famille en plein réveillon de Noël, elle pose sa fourchette pour endosser son uniforme de pompier. Avec une seule obsession en tête : “donner le meilleur de soi-même pour aider les autres”. Car, pour Aurélie, s’il y a bien une chose qui unie cette grande famille des sapeurs-pompiers azuréens c’est cette notion “d’altruisme”. 1 Service départemental d’incendie et de secours des Alpes-Maritimes.