Composé du ghetto de l’édition hexagonale, le jury du prix du roman d'écologie 2024 s'est réuni pour désigner les six maisons d'édition qui sauveront la planète cette année. Pour l’occasion, chacune, dans une surenchère qui donne le vertige, s’est solennellement engagée dans des politiques pro-environnementales radicales. Ainsi la première a promis de ne boire le champagne qu'à température ambiante, la deuxième à ne plus sortir de Paris, la troisième de supprimer les bandes noires de son logo, la suivante de ne regarder désormais que son nombril pour favoriser les cycles courts, l’avant-dernière, plus connus pour son parc immobilier s'engage à l'agrandir, toujours sans permis de construire, mais avec des matériaux recyclés. Enfin, la dernière, juré craché, ne se découvrira pas d'un fil jusqu'en mai. Que le meilleur gagne ! Encore une fois, l'édition indépendante brille par son absence et continue de se vautrer dans un luxe indécent et une passivité coupable. En février 2022, à Aix-en-Provence, lors des premières assises de l'édition indépendante, face à une assemblée qui n'en attendait pas tant, debout, tel Mirabeau au serment du jeu de paume, conscient de son rôle pour l'histoire, le paritarisme vissé au corps et profondément ému à l'idée de ne plus se retrouver seul représentant de l'édition au conseil d'administration du CNL, le SNE, par la voix de son président Vincent Montagne, invitait, dans un vibrant appel, plein d'une détermination sans faille, le ministère de la culture, un peu surpris, à accueillir en son sein la jeune et fringante FEDEI. Un peu plus d'un an après et un renouvellement de CA plus tard.... Pichtt. Généreux avec un pouvoir qui ne lui appartient pas, mais peu habitués à ce qu'on lui résiste, le représentant des grands groupes éditoriaux n'avait sans doute pas imaginé qu'on décline son invitation... où alors n'était-ce qu'un effet de manche? Allez, Monsieur Montagne, encore un effort pour le paritarisme !