Les savoir-faire liés au parfum en Pays de Grasse inscrits au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité de l’UNESCO. La reconnaissance de l’excellence des professionnels d’un territoire unique Grasse et le Pays Grassois, capitale des parfums et de la parfumerie… c’était une évidence, écrite en toutes lettres dans les guides touristiques et dans le quotidien de la cité. C’est, depuis le 28 novembre 2018, une vérité gravée dans le marbre d’une convention portée par l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité. Et c’est mieux ainsi, à l’heure où les mutations économiques, sociétales, technologiques, revers de la médaille du progrès, pourraient gommer des savoirs et gestes immémoriaux, jusqu’à l’effacement. La ville de Grasse et le Pays Grassois peuvent souffler et se féliciter de cette inscription, dix ans pile après les premières démarches initiées par Jean-Pierre LELEUX, alors maire de Grasse et président de l’association « Patrimoine Vivant en Pays de Grasse ». Si la distillation des plantes aromatiques sauvages date du XVIe siècle pour parfumer les cuirs – Grasse était une ville de tanneurs - l’activité liée à la parfumerie remonte au milieu du XVIIIe siècle, pour atteindre son apogée dans les années 1900-1950 avec 2 000 hectares de plantes à parfum cultivées en pays de Grasse dont, entre autres, quelque 1 300 tonnes de jasmin… dont il faut 12 000 fleurs pour faire 1 kilo ! La cueillette était l’un des temps forts de la vie locale. Les techniques de fabrication, à la pointe de la recherche et des nouvelles technologies, ont évolué. Pas la cueillette qui réclame du « tout à la main » ! De la patience, de l’espérance, du savoir-faire, de l’obstination, du talent [du nez !]… il en faut, depuis la terre qui porte la plante jusqu’au flacon qui contient le précieux liquide. Il en a fallu pour faire aboutir le dossier grassois qui mobilisa l’ensemble d’une profession des praticiens de la filière ! Mais, au-delà, c’est toute une population qui s’est mobilisée, consciente d’un trésor unique dont la protection était un devoir de mémoire autant qu’une exigence économique. Cette reconnaissance à l’échelle mondiale implique la diffusion de ces savoir-faire au sein d’une chaire d’enseignement à l’UNESCO, la mise en place d’un GRETA pour assurer des formations continues, la création d’une pépinière durable et collective à disposition des agriculteurs, le recueil de témoignages audiovisuels auprès des anciens pour susciter des vocations, et de nombreuses autres mesures de sauvegarde inscrites dans le dossier de candidature. Autant de tâches dont l’accomplissement contribuera à ancrer dans la modernité un patrimoine plus que jamais vivant.