Depuis sa création, la Fédération des Éditions Indépendantes porte une ambition claire : défendre la pluralité éditoriale face aux logiques de concentration. En 2023, cette ambition s’est concrétisée par l’écriture collective d’une Charte des éditions indépendantes, document fondateur qui formalise les valeurs partagées par les maisons adhérentes : attachement au travail d’édition, respect des auteurs et des lectorats, refus de la concentration et volonté d’expérimenter des modèles économiques durables. Mais cette Charte ne constitue qu’une première étape. Dès sa rédaction, la question d’un label fédératif a émergé : comment rendre visible cette indépendance ? Comment permettre aux libraires, bibliothécaires, journalistes, prescripteurs et lecteurs de repérer facilement les catalogues portés par des logiques différentes ? À l’instar d’autres secteurs du livre déjà dotés de dispositifs de reconnaissance (librairies indépendantes, manifestations littéraires labellisées, prix littéraires engagés...), la Fédération souhaite aujourd’hui construire un label propre aux maisons d’édition indépendantes. C’est dans cette perspective qu’un questionnaire a été diffusé en amont des deuxièmes Assises de l’édition indépendante, tenues à Bordeaux en février 2025. Objectif : sonder les positions et nourrir collectivement la réflexion autour d’un futur label. Au total, 82 personnes ont répondu, majoritairement des éditeurs et éditrices indépendants (75,6 %), mais aussi quelques représentants d’institutions, auteurs, étudiants et libraires. Les résultats confirment l’intérêt d’un tel outil : • 86,6 % des répondants estiment qu’un « Label Éditions Indépendantes » permettrait de mieux faire connaître les maisons indépendantes auprès du grand public. • 79,3 % pensent qu’un tel label inciterait les librairies, bibliothèques et manifestations à mieux valoriser ces maisons. • 64,6 % jugent qu’un logo visible sur les ouvrages pourrait renforcer la motivation d’achat ou d’emprunt pour les lecteurs. Plusieurs éléments de vigilance ont cependant émergé. Si 71,9 % estiment qu’un label pourrait sensibiliser à la notion d’indépendance éditoriale, ils et elles appellent à ne pas confondre label et certification. Le label doit refléter les engagements de la Charte, et non s’imposer comme une norme rigide. À la question des critères, les statuts actuels de la FEDEI (indépendance juridique et économique, publication à compte d’éditeur, chiffre d’affaires inférieur à 10 M€) sont jugés suffisants par 62,2 % des répondants. D’autres appellent à compléter ces bases par des engagements éthiques : respect des droits des auteurs, responsabilité écologique, ou encore diversité du catalogue. Enfin, la question de la gouvernance du label a été soulevée. Une majorité relative souhaiterait que la labellisation soit assurée par les pairs, au sein de la Fédération, plutôt que par une instance publique extérieure. Comme le souligne un éditeur : « L’important est que ce label reste entre nos mains. Qu’il reflète ce que nous sommes, pas ce que d’autres attendent de nous. » Cette réflexion collective se poursuit. Un groupe de travail dédié est en cours de création pour structurer les prochaines étapes : rédaction d’un cahier des charges, définition des critères et du fonctionnement, élaboration graphique du label… L’objectif est d’aboutir à un outil souple, fédérateur et lisible, qui renforce la visibilité des éditeurs indépendants sans jamais contraindre leurs pratiques. Une nouvelle étape s’ouvre pour faire reconnaître, ensemble, ce que nous construisons depuis toujours : une édition libre, exigeante et diverse.