Le Petit Journal de la FEDEI FEDEI, le petit journal N°4 - été 2025

Le petit journal de l'édition indépendante consacre une grande partie de ses pages à un retour sur les deuxièmes assises nationales de l'édition indépendante, pour les vivre ou les revivre, pour savoir ce qui s'est passé depuis.

Page 40 : FEDEI, le petit journal N°4 - été 2025

Lors des Assises de l'édition indépendante organisées par la FEDEI en février à Bordeaux, l'étude menée par Axiales et Vincent Henry montrait que beaucoup d'éditeurs indé ne se rémunéraient pas ou peu. En Normandie, plus des ¾ des éditeurs professionnels ont un métier alimentaire. Mais quand on sait le temps et l'énergie que demande une maison d'édition, on comprend vite le danger que cela représente. Moins de temps à lui consacrer, moins d'énergie, plus de charge mentale. Et la spirale infernale commence. Moins de parutions, moins de trésorerie, moins de développement, moins de possibilité d'en vivre. Et au cœur de ce cercle vicieux, l’épuisement. Physique. Moral.  La FEDEI se mobilise depuis sa création pour défendre une rémunération juste et équitable des acteurs du livre. Celle de l'auteur. Celle du libraire. Celle de l'éditeur aussi. En effet, pourquoi un éditeur qui est sollicité pour participer à des débats, des tables rondes, des animations, que ce soit en librairie ou en médiathèque, ne serait-il pas rémunéré au même titre que les auteurs ? Surtout quand il est invité par les institutions qui disent défendre leur situation ? Certains diront que cela fait partie de leur travail de promotion. Tout comme l'auteur. D'autres diront qu'ils viennent pour vendre leur livre, leur catalogue. Tout comme l'auteur. Les derniers diront qu'ils sont chefs d'entreprise. Nous leur répondons que beaucoup de maisons d'édition sont associatives. Donc pas de chef d’entreprise mais des bénévoles. Donc pas de salaire. Et que dire du constat présenté ci-dessus ?  Loin de vouloir déshabiller les auteurs dont nous connaissons aussi la grande précarité et mettre en difficulté les libraires dans leur accueil des acteurs du livre, nous demandons aux institutions, aux agences du livre, au Ministère de la culture de soutenir l'équité de la rémunération des professionnels du livre.  C'est un message qui a été entendu par Normandie Livre et Lecture pour l'élaboration de la nouvelle édition de Lire en Hiver 2026. Cet événement interprofessionnel permet aux libraires et bibliothèques de la région normande de recevoir des auteurs et des éditeurs autour d'un ouvrage ou d'une problématique de leur métier. Pour Lire en Hiver 2025, des éditeurs de la Fabrique Ô livres, l'association des éditeurs-créateurs en Normandie, ont été surpris de constater que les auteurs étaient rémunérés sur la base tarifaire de la SGDL et pas les éditeurs. Un rendez-vous est pris auprès de l'agence du livre par Caroline Triaureau, présidente de la Fabrique. Accompagnée de François Louchet, vice-président et éditeur de FL éditions, et de Pierre Lenganey, éditeur de Motus, elle a été reçue dès juin 2024 pour évoquer la problématique. Conscients de la précarité des éditeurs normands, Philippe Lenormand, président de N2L, et Sophie Noël, directrice, ont été très à l'écoute des arguments présentés. Malgré un échange constructif, le budget de Lire en Hiver 2025 ne permettait pas de rémunérer les 3 éditeurs retenus.  Mais l'engagement de l'agence du livre de Normandie auprès de ses éditeurs et de la Fabrique Ô livres a permis d'inclure dans le budget 2026 la rémunération de tous les acteurs du livre. Ainsi un éditeur participant à Lire en Hiver 2026 sera rémunéré au même titre qu'un auteur, soit 308€ brut pour une animation ou rencontre.  Nous remercions N2L de ce soutien essentiel auprès des éditeurs normands. Nous encourageons toutes les agences – mais nous savons que certaines ont depuis longtemps mis en place cette rémunération équitable - les Régions, les DRAC à suivre ou poursuivre ce chemin qui est une aide fondamentale pour les éditeurs à vivre, enfin, de leur métier.