Le Petit Journal de la FEDEI FEDEI, le petit journal N°4 - été 2025

Le petit journal de l'édition indépendante consacre une grande partie de ses pages à un retour sur les deuxièmes assises nationales de l'édition indépendante, pour les vivre ou les revivre, pour savoir ce qui s'est passé depuis.

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Le 20 décembre 2024, un ensemble de coupes budgétaires sans précédent (100 millions d’euros) a été voté en Région Pays de la Loire, par la majorité de Christelle Morançais (Horizons), mettant en danger l’intégralité du secteur culturel, ainsi que les secteurs de la vie associative, du sport, des solidarités et de l’égalité femmes-hommes. La filière du livre et de la lecture est pleinement impactée, avec une suppression totale du soutien régional pour le Coll.LIBRIS (Collectif des éditeurs indépendants en Pays de la Loire) et l'ALIP (Association des librairies indépendantes en Pays de la Loire) en 2025, ainsi qu’une baisse progressive du soutien à Mobilis, Pôle régional du livre et de la lecture (- 50 % en 2025, - 100 % en 2026). En parallèle, l'ensemble des dispositifs de soutien à la filière ont été abrogés, notamment les aides à la promotion, à l’édition, à la participation aux grands événements professionnels, à l’équipement et à la modernisation. Sont également impactés les budgets des librairies et des festivals, menaçant la pérennité d’acteurices auprès de qui l’édition indépendante trouve pourtant une visibilité indispensable, ainsi que des revenus non négligeables. Ces choix abrupts et sans concertation préalable avec les différents acteurs (avec, qui plus est, un effet rétroactif sur le second semestre 2024) ébranlent l’écosystème du livre ligérien. Ils mettent en péril une politique régionale du livre élaborée dans un dialogue constant et respectueux des spécificités de notre filière. Ils menacent l’existence même de nos associations, qui œuvrent depuis plus de 10 ans à structurer, professionnaliser et fédérer l’écosystème du livre et de la lecture en région. Au-delà de l'impact associatif et éditorial, ce sont aussi les artistes et les personnes qui ne perçoivent pas directement de soutien régional mais travaillent dans l'écosystème du livre qui sont affectés, par effet domino. Réduction de moitié du temps de travail de la salariée du Coll.Libris, licenciement des 5 salariées de Mobilis, ainsi que 2 des 5 salariées de la revue 303, dont l’aide de la région représentait jusqu’alors 40 à 60 % de son budget… l’hécatombe a déjà commencé, et elle n’est que la face visible de l’iceberg. Car derrière se profilent réduction des nouveautés, baisse des ventes, impossibilités d'investissement et, à terme, disparition à bas-bruit des structures les plus fragiles. Si des solutions à court terme ont été trouvées, elles ne sont que de précaires pansements sur une plaie ouverte. Tandis que les maisons d’édition engagent une réflexion sur leur positionnement et leur modèle économique, le Coll.Libris doit repenser en urgence son projet associatif afin d’envisager les années à venir. La coopération entre les différents acteurs culturels est une des pistes favorisées, mais le temps manque cruellement pour rebâtir ce qui a été balayé d’un revers de main par une présidente de région plus soucieuse de son image politique que des répercussions sur la durée de ses décisions à l’emporte-pièce. Et si Christelle Morançais justifie cette décision par un recentrage sur les compétences obligatoires de la région, notamment la jeunesse, on ne manquera pas de lui rappeler qu’elle a aussi signé l’arrêt des aides aux dispositifs permettant aux jeunes d’accéder au livre, comme le e-pass culture et sports, Jeunes en librairie ou encore le Prix littéraire des lycéens. Malgré tout, nous continuerons d’agir en coopération avec les différents acteurs de la filière livre (libraires, bibliothécaires, maisons d'édition, lecteurices, prescripteurices) pour défendre d'une même voix des modèles culturels vivants, inclusifs et durables. Bises, Christelle, merci pour tout !