Histoires de fantômes d'AsieProgrammée jusqu’au 30 novembre au musée départemental des arts asiatiques à Nice, l’exposition « Enfers et fantômes d’Asie » donne vie aux histoires de spectres du Japon, de Chine ou de Thaïlande, du XVIe siècle à nos jours. Entre art religieux et art populaire, cinéma, théâtre, création contemporaine, jeux vidéo ou manga, cette exposition atypique entraîne les visiteurs dans une déambulation aux frontières du réel. Moines damnés Cette toile, signée par l’artiste thaïlandais Anupong Chantorn, représente deux moines bouddhistes tombés dans les enfers après s’être enrichis par le commerce des amulettes et des tatouages. Devenus des esprits damnés, ou Phi Prêt, ces créatures hybrides dotées de becs de corbeaux se battent tels des charognards. Avec ce tableau, peint sur d’authentiques robes de moines, le peintre dénonce les dérives commerciales de la religion contemporaine en Thaïlande. Phi Pop, l’éventreur Phi Pop est originaire du nord-est de la Thaïlande et du Laos. Cet esprit maléfique de la forêt éventre ses victimes pour leur dévorer les entrailles. Depuis les années 80, la créature a inspiré de nombreux films et séries d’horreur comiques, comme le film thaïlandais Phi Pop (Le revenant), dont l’affiche, datée de 1991, est actuellement présentée au musée des arts asiatiques. Histoires de yûrei Au Japon, les peintures de fantômes ou yûrei apparaissent à l’époque d’Edo (1606-1868). Maruyama Ôkyo (1733-1795) est l’un des premiers artistes à avoir représenté ces spectres faméliques, s’inspirant pour cela des visions qu’il avait de sa défunte épouse, Oyuki. Sur cette toile, le spectre d’Oyuki, échevelé et vêtu d’un linceul, erre entre le monde des morts et des vivants, dépourvu de jambes. Son visage grimaçant et ses dents noircies à la laque traduisent un sentiment de rancœur. Une vision effrayante, à l’opposé du portrait féminin idéal habituellement représenté sur les estampes traditionnelles japonaises.