Le Petit Journal de la FEDEI FEDEI, le petit journal N°3

Page 25 : FEDEI, le petit journal N°3

Alors que les chiffres de l'édition de 2023 affichent une augmentation de 1,9% du CA des ventes de livres, on est en droit de s'interroger sur cette contradiction et de se demander à qui profite cette hausse ? L'Alliance internationale de l'édition indépendante précise que de plus en plus d'éditeurs sont obligés  de contracter un emploi « alimentaire » : « Alors que les maisons d’édition indépendantes (avec leurs auteurs et autrices) sont au cœur de la création, ce sont principalement sur elles que pèse la plus grande précarité. Les éditeurs et éditrices cumulent les emplois pour maintenir leur activité, ne se rémunèrent pas ou très peu, sont pris dans une chaîne du livre qui pousse à la surproduction, ne sont pas assez représenté·e·s et défendu·e·s. » Pouvons-nous dire que, tous comme les auteurs, la majorité des éditeurs indépendants ne vivent pas, ne vivent plus de la vente de leurs livres ? Oui. Mais loin de nous de penser que l'auteur vit mieux. Nous refusons de participer à cette opposition stérile entre auteurs et éditeurs. La réalité aujourd'hui est que la majorité des auteurs comme la majorité des éditeurs indépendants partagent cette même précarité. Comment faire alors pour vivre, survivre dans cet écosystème qui broie ses propres créateurs ? La Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse, la SGDL, la SOFIA et le CNL défendent la rémunération des auteurs lors de rencontres, de dédicaces, d'animations et d'ateliers. Pourquoi un éditeur ne pourra pas, lui aussi, percevoir une rémunération pour ces activités annexes ? Parce qu'il est chef d’entreprise ? D'une part, nombreux sont constitués en association. D'autre part, être chef d’entreprise induit un statut pas un salaire. Parce qu'il fait la promotion d'un ouvrage qu'il a publié et que ça fait partie de ses obligations de diffusion ? Tout comme l'auteur. Pourquoi l'éditeur n'a-t-il pas alors droit à l'équité ? C'est une question qui a été abordée par la Fabrique O livres, association des éditeurs en Normandie, en juin et soutenue par la FEDEI. A l’occasion d'une manifestation visant à promouvoir les ouvrages des auteurs et éditeurs normands, initiée par l'agence du livre Normandie Livre et lecture, les éditeurs adhérents se sont aperçus que, pour la même prestation que les auteurs, eux, n'étaient pas rémunérés. La question a été posée lors d'une rencontre avec N2L : pourquoi, notamment lorsque que ce sont des événements portés par les DRAC et les Régions, qui, donc, disent soutenir les éditeurs indépendants face aux difficultés actuelles, les éditeurs ne sont pas rémunérés selon les tarifs recommandés par les instances nationales ? L’échange fut intéressant et pertinent. La réponse est en attente et un engagement fort est attendu des partenaires culturels. Attention : qu'on ne nous fasse pas dire ce que nous n'avons pas dit : il n'est pas question de retirer quoi que ce soit aux auteurs et nous soutenons leurs rémunérations lors de ces manifestations de promotions et de rencontres. Nous exprimons juste notre souhait d'un traitement équitable qui permettrait aux éditeurs indépendants de pouvoir compléter leur source de revenus. Parce que, auteurs et éditeurs sont créateurs du livre et ils défendent, ensemble, l'accès à une culture riche, variée et éclairée !