Un inrô au musée de la Parfumerie de Grasse Il a inspiré la forme du célèbre flacon d’Opium d’Yves Saint Laurent. L’inrô, c’est ce petit objet utilitaire japonais en bois laqué, composé de plusieurs compartiments et qui servait à transporter des médicaments, des épices, ou encore… des boulettes d’opium. Pour illustrer l’histoire du célèbre parfum, « le musée de la Parfumerie de Grasse nous a sollicités pour qu’on leur prête un inrô issu de nos collections », confie Adrien Bossard, directeur du musée départemental des arts asiatiques à Nice. Dès le XVIe siècle, l’inrô était porté par des hommes, qui l’accrochaient à la ceinture de leur kimono grâce à une cordelette, remplaçant ainsi les poches. Daté du XIXe siècle, l’inrô en laque rouge prêté par le musée des arts asiatiques est paré d’un décor floral et possède cinq compartiments. Il sera visible au musée de la Parfumerie de Grasse à partir de juin 2021 et jusqu’en 2023. La naissance d’un flacon mythique En 1975, Yves Saint Laurent demande à Pierre Dinand d’imaginer un flacon pour son nouveau parfum, inspiré des peintres orientalistes. Pour en discuter, le designer se rend à Marrakech, dans la villa du couturier et de son compagnon Pierre Bergé, avec lesquels il passe plusieurs jours. Rapidement, l’idée d’un inrô s’impose à lui. Il propose au couple une maquette dessinée quelques années auparavant pour un projet de parfum Kenzo, qui lui avait été refusée par le créateur japonais. Yves Saint Laurent valide l’idée. Le flacon couleur rouge à effet laqué est fabriqué en plastique, une première dans l’univers du luxe. Le couturier y ajoutera une cordelette et un gland noir, et ceinturera le goulot d’un bracelet en or. Opium, un jus narcotique Au milieu des années 1970, Yves Saint Laurent souhaite lancer un parfum oriental, addictif, capable de concurrencer Shalimar de Guerlain, et destiné aux Européennes comme aux Américaines. L’élaboration de la formule est confiée à Jean-Louis Sieuzac. En seulement trois rendez-vous, ce nez talentueux concocte une fragrance complexe et opulente, aux notes fleuries et épicées, sur fond boisé de patchouli. « Le parfum contenait des concentrations particulièrement élevées pour l’époque, ce qui était innovant », souligne Adrien Bossard. Opium voit le jour en 1977 et déclenche aussitôt les passions. Avec son nom sulfureux et son lancement VIP, Yves Saint Laurent ouvre avec ce jus à contre-courant l’ère du marketing dans l’univers de la parfumerie.