Par quelle magie la famille Astruy s’est-elle installée à Peyrassol ? Alban Cacaret : Mon oncle est arrivé ici en 2001, après avoir eu un coup de cœur pour le domaine. Jusqu’alors, on ne connaissait pas la région. Il avait depuis longtemps la volonté d’acquérir un vignoble, plutôt dans le bordelais. Mais la découverte de Peyrassol, un lieu chargé d’histoire et profondément viticole, a changé la donne. Vous y avez engagé de grands travaux ? A. C. : On a tout refait, les bâtiments agricoles, les habitations. En 2003, la nouvelle cave était finie. En 2005, nous avons eu aussi la volonté d’ouvrir le domaine et le réceptif. Chambres d’hôtes, simplement, et puis le restaurant, d’abord l’été au déjeuner à la bonne franquette, avant de travailler avec Michel Portos pour en faire un vrai restaurant de qualité. Parmi les autres chantiers que nous avons engagés, il y a la conversion en bio, qui aboutira l’année prochaine. Cela fait dix ans qu’on travaille pour cet objectif. Peyrassol a accompagné le développement des Côtes de Provence ces dernières années ? A. C. : Peyrassol a vécu une véritable révolution en vingt ans, alors que c’est un domaine qui existe depuis 800 ans. Mais ce n’est pas que de notre fait : certes, on a posé nos pierres, mais il y a eu en même temps une vraie renaissance de cette appellation des Côtes de Provence. Et on a su aussi innover au bon moment, par exemple en créant parmi les premiers les magnums de rosé. Il est vrai que le rosé, c’est la liberté, dans l’élaboration du vin, de la bouteille, du marketing. Ici, il n’y a pas de codes, et c’est un atout. Il faut garder cette liberté. Et puis, si le rosé se vend mieux aujourd’hui, c’est parce que les clients ont fait le succès de nos vins, et je dis bien vin, car de nos jours le rosé est un vin qui s’est affirmé dans la qualité et la quantité. Il y a vingt ans, ce n’était pas le cas, il a fallu qu’on se batte contre des a priori. Une question revient souvent lorsqu’arrivent des investisseurs : vous êtes là pour longtemps ? A. C. : Oui ! Peyrassol est notre vaisseau amiral, puisqu’on est propriétaire aujourd’hui de cinq domaines. Mais ici, c’est différent, c’est familial, j’y habite, ma fille y est née, mon oncle vient très souvent, il y a un enracinement et si c’était à refaire on le referait ! Peyrassol, c’est aussi devenu un musée d’art contemporain à ciel ouvert ? A. C. : L’art a toujours été une passion pour mon oncle, c’est un collectionneur et ici il a voulu aussi imprimer sa marque en exposant petit à petit des sculptures, puis en développant la collection avec des artistes de renom. Parfois Peyrassol est connu plus par rapport à l’art qu’à son vin (sourire) ! Nous sommes devenus une vraie marque et c’est notre fierté.