Racontez-nous un peu comment le groupe Zannier s’est investi dans le vin ?Marc Monrose : L’activité historique de groupe, c’est le textile, mais Roger Zannier a acheté pour commencer un domaine dans le Douro, ayant des usines de textile au Portugal. Mais sans vraiment penser à aller plus loin. Et puis, il s’est décidé à investir dans ce secteur d’activité et a fait appel à moi, qui suis bourguignon et donc issu de ce monde viticole. C’est ainsi qu’on a acheté en 2011 le Château Saint-Maur, avec pour objectif de le transformer pour produire du vin de qualité.Ça n’a sans doute pas été simple au début d’arriver dans le monde de la viticulture, avec en plus des objectifs élevés ?M. M. : C’est du travail (sourire) ! L’objectif de départ, qui est toujours d’actualité, c’était de se positionner dans le haut de gamme, le luxe, et produire donc des vins de qualité avec l’idée de faire rêver, un peu à l’image du champagne. On a ainsi construit une nouvelle cave en 2013 et sorti notre premier millésime en 2015. L’aspect marketing a aussi été très important, avec la création d’une bouteille spécifique et un positionnement immédiat dans le luxe auprès des restaurateurs, des cavistes et des particuliers.Vous avez eu les retombées attendues ?M. M. : Oui, on a multiplié par dix en sept ans le nombre de bouteilles vendues et surtout on a acquis une notoriété en France et à l’international. Mais ça implique que le produit soit bon (ça, c’est mon côté bourguignon qui ressort – rire) : c’est pour cela qu’on n’a pas transigé dans l’élaboration du vin. On a beaucoup arraché au début pour replanter, on s’est aussi étendu sur les hauteurs, à Capelude, sur les collines au-dessus de Cogolin, ce qui nous a apporté 14 000 hectares de plus.Le fait que Saint-Maur ait été repris par un industriel n’a pas été un handicap ?M. M. : On a fait profil bas au début, il faut avoir beaucoup d’humilité. On a fait appel aussi à des vrais gars de la terre pour travailler avec nous, et je peux dire qu’aujourd’hui, on bosse comme une entreprise familiale, avec cet état d’esprit qui démontre qu’on est vraiment investi dans l’affaire.Le marché des vins de Provence se porte bien ?M. M. : Il est même en saturation en France ! On se tourne donc vers l’export et notamment vers les Etats-Unis, même si avec notre positionnement premium, ça prend un peu plus de temps. Et on reste très pointilleux sur la qualité de nos vins, l’an dernier, par exemple, on a rejeté 25 % de notre production qui ne correspondait pas à nos exigences.Vous avez gardé aussi les éléments patrimoniaux de Saint-Maur ?M. M. : Oui, et on l’a rénové pour en faire du réceptif, à taille humaine, afin de faire vivre le château avec des clients qui sont de vrais partenaires.