Un bleu intense et lumineux remplit notre hublot alors que nous traversons l’épaisse couche de nuages qui nous sépare de la piste d’atterrissage de l’aéroport Ibn Battouta. Le ciel est bas et, dans notre descente, nous avons juste le temps d’apercevoir le quartier de Boukhalef, dont les bâtiments blancs inhabités marquent l’entrée de Tanger, la troisième ville du Maroc. A terre, après les négociations d’usage, un taxi nous emmène au centre-ville : « Pas de ceinture de sécurité ici, Monsieur. Détendez-vous », se moque le chauffeur. Le torse libéré de ce vieil usage, nous regardons défiler la paisible cité portuaire par la vitre entrouverte qui laisse passer la pluie. En janvier, Tanger ressemblent à ces vieux messieurs qui, sous leurs djellabas de laine, peuplent les terrasses des cafés du boulevard. Elle est calme, presque muette, à l’exception du trafic impétueux qui semble occuper tout l’espace. L’activité touristique est en pause et, malgré notre air égaré, les commerçants et les restaurateurs nous ignorent. La place Souk d’barra grouille de ses habitants ; qui part au travail, qui se promène, qui se repose, qui va ou revient de l’école. Enclavée entre la porte de la médina et le Cinéma Rif, cette place est le point de passage entre la vieille et la nouvelle ville. Deux mondes s’y rencontrent et s’y côtoient ; des hommes et des femmes habillés de loques et de cartons viennent s’étendre sur les bancs de la place alors que des costumes-cravates quittant le centre des affaires voisin, viennent y déguster des caracoles et acheter les remèdes des vendeurs saharaouis. Pour 6 Dirhams (0,60€) nous avalons rapidement une bessara soupe de poix au cumin qui justifie le voyage à elle seule et nous courrons, sac sur le dos, récupérer les enfants à l’école. En passant l’odorant marché aux poissons et en remontant au-dessus des ruines du théâtre portugais, le clocher de l‘église espagnole del Sagrado Corazon apparaît. C’est ici que Najib, Mohammed, Oumar, Aboulaye et Khadija respectivement 3, 5, 7, 10 et 13 ans sont scolarisés. Chaque année, depuis 3 ans, leur mère bataille ferme pour les inscrire à l’école de la mission catholique et jusqu’à aujourd’hui, ils y sont les seuls élèves subsahariens. Les retrouvailles sont plus émouvantes pour nous que pour les petits monstres, qui nous grimpent dessus sans attendre, agrippant nos vêtements et secouant nos mains au rythme des sollicitations : « On va acheter un m’semen au chocolat ? » ; « Vous nous avez envoyé quoi de France ? » ; « Et mes crayons de couleur ? » ; « On prend le taxi ? » Allons-y pour le taxi, direction le quartier Moudjahiddine, où la fratrie a établi ses quartiers depuis quelques mois. 5 kilomètres séparent l’école de l’appartement et ici, le taxi n’est guère plus cher que le bus. C’est l’heure de pointe et à 7 personnes, il faut arrêter trois voitures les chauffeurs n’ont que trois places et on commence le séjour avec un bon aperçu des difficultés qu’affrontent Aissatou, la mère des enfants, pour gérer le groupe au quotidien. Un bleu intense et lumineux remplit notre hublot alors que nous traversons l’épaisse couche de nuages qui nous sépare de la piste d’atterrissage de l’aéroport Ibn Battouta. Le ciel est bas et, dans notre descente, nous avons juste le temps d’apercevoir le quartier de Boukhalef, dont les bâtiments blancs inhabités marquent l’entrée de Tanger, la troisième ville du Maroc. A terre, après les négociations d’usage, un taxi nous emmène au centre-ville : « Pas de ceinture de sécurité ici, Monsieur. Détendez-vous », se moque le chauffeur. Le torse libéré de ce vieil usage, nous regardons défiler la paisible cité portuaire par la vitre entrouverte qui laisse passer la pluie. En janvier, Tanger ressemblent à ces vieux messieurs qui, sous leurs djellabas de laine, peuplent les terrasses des cafés du boulevard. Elle est calme, presque muette, à l’exception du trafic impétueux qui semble occuper tout l’espace. L’activité touristique est en pause et, malgré notre air égaré, les commerçants et les restaurateurs nous ignorent. La place Souk d’barra grouille de ses habitants ; qui part au travail, qui se promène, qui se repose, qui va ou revient de l’école. Enclavée entre la porte de la médina et le Cinéma Rif, cette place est le point de passage entre la vieille et la nouvelle ville. Deux mondes s’y rencontrent et s’y côtoient ; des hommes et des femmes habillés de loques et de cartons viennent s’étendre sur les bancs de la place alors que des costumes-cravates quittant le centre des affaires voisin, viennent y déguster des caracoles et acheter les remèdes des vendeurs saharaouis. Pour 6 Dirhams (0,60€) nous avalons rapidement une bessara soupe de poix au cumin qui justifie le voyage à elle seule et nous courrons, sac sur le dos, récupérer les enfants à l’école. En passant l’odorant marché aux poissons et en remontant au-dessus des ruines du théâtre portugais, le clocher de l‘église espagnole del Sagrado Corazon apparaît. C’est ici que Najib, Mohammed, Oumar, Aboulaye et Khadija respectivement 3, 5, 7, 10 et 13 ans sont scolarisés. Chaque année, depuis 3 ans, leur mère bataille ferme pour les inscrire à l’école de la mission catholique et jusqu’à aujourd’hui, ils y sont les seuls élèves subsahariens. Les retrouvailles sont plus émouvantes pour nous que pour les petits monstres, qui nous grimpent dessus sans attendre, agrippant nos vêtements et secouant nos mains au rythme des sollicitations : « On va acheter un m’semen au chocolat ? » ; « Vous nous avez envoyé quoi de France ? » ; « Et mes crayons de couleur ? » ; « On prend le taxi ? » Allons-y pour le taxi, direction le quartier Moudjahiddine, où la fratrie a établi ses quartiers depuis quelques mois. 5 kilomètres séparent l’école de l’appartement et ici, le taxi n’est guère plus cher que le bus. C’est l’heure de pointe et à 7 personnes, il faut arrêter trois voitures les chauffeurs n’ont que trois places et on commence le séjour avec un bon aperçu des difficultés qu’affrontent Aissatou, la mère des enfants, pour gérer le groupe au quotidien.