La notion réglementaire de débit réservé ou la considération d'un prélèvement net conduisent aujourd'hui à inciter fortement les usagers à faire évoluer leurs pratiques, voire abandonner les canaux, béals ou rases qu'ils ont façonnés depuis plusieurs dizaines d'années et leurs parents auparavant. Il y a là une rupture entre un dispositif législatif, certes indispensable, mais manquant de discernement s’agissant des spécificités locales, et des pratiques empiriques. D’autre part, la Lozère située en tête de plusieurs bassins versants revêt une responsabilité forte en termes de protection contre les inondations et de gestion de la ressource en eau. Ces ouvrages hydrauliques anciens permettent notamment de ralentir l'écoulement vers les cours d'eau et favorisent le ruissellement (renforçant l’effet d’épuration et de soutien aux sources qui peuvent être liées). Au-delà de cet aspect, aujourd'hui encore, des activités économiques dépendent de ces ouvrages. Malgré un temps d'entretien important et un contexte réglementaire défavorable, des éleveurs valorisent l'eau des béals pour l'abreuvement de leurs animaux, la submersion de leurs prairies. D’autres sont toujours utilisés pour alimenter un moulin, une pisciculture ou pour permettre l’arrosage de jardins potagers. Les usages perdurent. C’est donc qu’ils sont fondés.Plusieurs situations font actuellement l'objet de discussions et d'expertises. Des alternatives techniques sont envisageables mais si elles ont une réalité et un frein d'abord économiques, les effets de l'abandon volontaire de ces béals sont sous-estimés. C'est de l'identité du territoire et de ses habitants dont il est question. C'est aussi de l'avenir socio-économique de ces territoires qui devront disposer d'eau pour s'inscrire dans les démarches de productions localisées attendues par les consommateurs. De réelles possibilités d'installation et de projets agricoles existent si les contraintes réglementaires sont levées.