Il y a sept ans, nous étions à Montpellier avec mon mari, nous étions tous les deux cadres commerciaux. Je suis d’ici, on est venu passer un week-end en Margeride comme je dis, c’est plus poétique « en Margeride ». Il ne faut pas venir sinon vous n’arrivez pas à repartir… On était à une étape de notre vie où on pouvait envisager d’investir un petit peu. Mon mari trouve une annonce, à vendre, Mazimbert. J’y venais, quand j’étais petite, avec mon grand-père qui mettait ses ruches en bas. Cette maison était toujours fermée, obstinément fermée et j’ai toujours rêvé sur cette maison. Je disais à mon grand-père, un jour j’aurai une maison comme ça papi. On est venu, on s’est assis sur le perron de la maison, c’était une évidence, c’était là. Pour mon mari aussi. Il me dit, il faut qu’on monte un restaurant dans cette grange. C’est un lieu fort, une aventure un peu folle. On est arrivé le 3 mars, on a ouvert le 1er juin. Quand on ne sait pas que c’est impossible, on y arrive ! Ici c’était l’étable et beaucoup amenaient leur vache au taureau à Mazimbert. On a gardé les blocs de granit. C’était vraiment une grosse ferme. Voici une photo avec ceux qui l’ont construite en 1850. On a une carte saisonnière. On va passer en automne-hiver, on va travailler le potimarron, les champignons… On a une cuisine simple, authentique avec des produits locaux, en circuits courts, c’est vital, c’est une volonté éthique. Et une volonté de qualité. On achète la viande en Lozère. On essaie de ne pas travestir les saveurs, on cuisine beaucoup au feu de bois. On propose la truite au lard fumé comme la faisait mon grand-père. On a aussi une clientèle touristique qui apprécie et on fait des petites fantaisies, le tajine d’agneau de Lozère par exemple, des saveurs du sud, une cuisine assez méditerranéenne parce qu’on a aussi cette culture. Ici, on ramasse, on cueille. Quand on part marcher, je prends toujours un sac. C’est ainsi que j’avais de l’argent de poche quand j’étais petite, en ramassant la mousse que nous achetait le ramasseur de mousse du village et ensuite, c’était les narcisses. Au tout début du COVID, « Le Monde » a fait un cahier spécial en classant la Margeride, première destination mondiale depuis Paris, sans avion. Le restaurant était dans ce cahier. Cela nous a fait un monde incroyable. Après, le « Washington Post » a aussi fait un article, les télés, plein de reportages… la Margeride représente l’espace, la sécurité, la liberté.