Margeride Margeride, le pays des possibles

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Là aussi un travail est à faire. Un proche voisin va cesser son activité et il a été contacté par des personnes désireuses de cultiver des fruits rouges. Mais il a exprimé, avec une certaine irritation, que sa ferme ne devait être consacrée qu'à l'élevage. Il préfère ne pas vendre sa maison et distribuer ses terres aux agriculteurs existants pour des agrandissements. Les agriculteurs qui partent à la retraite gardent leurs terres et mettent ce qu’il faut dessus pour toucher les subventions – je les comprends, la retraite des agriculteurs est très faible, on a 700€ par mois, je les comprends – mais il faudrait que ça change. Il est hors de question, pour la plupart, qu’ils les laissent à des étrangers, à un jeune qui voudrait s’installer. Pour ne pas être « étranger », il faut avoir un lien familial. Là, dans le monde agricole, beaucoup vont partir à la retraite, ça va être un gros problème. Le modèle de la ferme familiale, ça va être terminé. Tout va partir à l’agrandissement.   On n’en est pas encore là, ici en Margeride, mais c’est vrai, pas très loin. On se retrouve avec des fermes qui deviennent des sociétés et les gens ont des parts. Mais ces parts sont des sommes impossibles à récupérer. Un jeune qui veut s’installer, il va lui falloir beaucoup, beaucoup d’argent et il n’aura que des parts, même pas de ferme. On est encore sur un territoire préservé mais cela peut ne pas durer. Il faudrait que la politique agricole change. Mais, arrêter les subventions, c’est impossible, c’est la mort de plein d’agriculteurs. Maintenant, on est déjà en train de penser à comment on va faire reprendre notre ferme. On essaie de l’envisager pour des stagiaires qu’on peut accueillir, pour amorcer cette transition qui ne se fera que dans plusieurs années. On ne veut pas se retrouver à deux, trois ans de la retraite, à n’avoir que la solution de vendre et que les terres partent à l’agrandissement. On a fait tout un travail, on a amélioré le troupeau, amélioré les terres, fait un travail sans prétention mais c’est une exploitation reprenable. La ferme et les terres resteront abordables. On est une structure viable et on souhaite vraiment la transmettre. On a travaillé en couple mais ce peut être repris à deux, voire trois personnes. On peut sortir trois salaires aujourd’hui en ayant atteint l’autonomie. On est dans la transparence. Quand des jeunes nous demandent, on montre notre comptabilité. Surtout qu’ils voient bien qu’une ferme comme la nôtre, avec le troupeau de chèvres, 36 hectares utilisés et en transformation fromagère, est viable ! Autour de nous, il y a des fermes de 200, 300 hectares qui ne vivent pas.