Margeride Margeride, le pays des possibles

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Page 6 : Margeride, le pays des possibles

Un climat, des hommes, des paysages Une longue échine dorsale, aux sommets aplatis de plus de 1300 à 1550 mètres d’altitude et d’une soixantaine de kilomètres de long, traverse ce territoire du nord-ouest au sud-est. Elle est bordée de chaque côté par deux plateaux granitiques d’environ 1000 mètres d’altitude, reliés par des cols, notamment, le col des Trois Sœurs, celui du Cheval Mort et celui de la Croix de Fau. Des noms qui, pour au moins deux d’entre eux, évoquent des histoires tragiques. Légende ou réalité, qu’importe, l’âpreté sauvage de ce territoire au climat rude mène, encore aujourd’hui, la vie dure à ses habitants. Les hivers y sont longs et froids, la neige s’y installe souvent pour de longues périodes. Les tempêtes de neige sont parfois d’une telle force que, dans les villages éloignés, les hommes ont érigé des clochers de la tourmente qui devaient diriger les voyageurs égarés. Mais, à l’image des gens du pays, ce territoire de rudesse est d’une infinie générosité par sa beauté d’abord :  imaginez des plateaux si élevés que, votre vue balayant forêts, sommets lointains, lacs et pâturages, ne rencontre aucun obstacle. Vous êtes les passagers d’un bateau immobile. Les villages, aux maisons construites en pierres taillées dans le granit, sont d’une noblesse austère intimidante. Sol, murs, manteau de cheminée, embrasures des fenêtres, tout est bâti dans ce granit gris aux éclats d’argent qui fait l’identité et l’orgueil de la Margeride. Imaginez aussi de gigantesques monticules d’énormes roches aux formes rondes, sculptées par l’érosion, les Chaos. Ils semblent des cairns assemblés par quelques colosses soucieux de marquer leur territoire. Il faut aussi évoquer les tourbières, ces zones humides parmi les plus grandes d’Europe. Elles recèlent des espèces végétales et quelques reptiles de notre planète depuis l’ère post-glaciaire. Autrefois, les pentes des sommets montagneux de ce territoire étaient des lieux traditionnels d’estives pour les transhumances d’ovins. Ces pâturages étaient alors couverts d’une lande d’altitude composée de nard raide, de callunes et de myrtilliers. Aujourd’hui, les pratiques agricoles ont changé, les plantations d’épicéas, de pins sylvestres et de hêtres ont profondément modifié le paysage. La beauté mystérieuse de ces forêts profondes n’en est pas moins saisissante. Si la pauvreté a longtemps été le sort partagé des hommes en Margeride, Dame nature, sans doute pour compenser les rigueurs climatiques, offre, à qui sait chercher, quantité de champignons, baies, lichens (récoltés pour les parfumeurs),  au point qu’une économie locale s’est développée au fil des années, permettant à chacun de cueillir en toute saison et, pour certains, d’échapper à l’extrême précarité. Cette organisation d’hommes et de femmes forcés de faire avec un pays auquel on ne s’oppose pas, a pris des formes variées et toujours exemplaires par l’esprit de solidarité qui les a motivées.  Encore aujourd’hui, dans de nombreuses communes, des terres que l’on nomme des sectionaux  appartiennent aux habitants.  Voici ce qu’en dit Francis Chabalier, président de la communauté de communes du Haut-Allier Margeride : Historiquement, sur la Margeride il y avait deux types d’activité : l'élevage de moutons et l’ élevage de vaches. La plupart des exploitations agricoles, souvent de toute petite taille, avaient quelques brebis et parfois quelques vaches. Elles paissaient sur des surfaces qui étaient souvent des surfaces collectives. Ça, c'est très original à la Margeride, chaque village dispose de terrains collectifs, les sectionaux, remis en cause aujourd’hui. Ils appartiennent aux habitants. Sur ces biens de section, le berger du village s’occupait des bêtes. La plupart du temps, il était hébergé et nourri dans chacune des maisons, en fonction du nombre de brebis. Quelquefois, il avait un petit logement dans les fermes et, tous les jours, il faisait le tour des fermes, il récupérait les animaux et les emmenait paître sur ces surfaces. Il les ramenait le soir. Les biens sectionaux sont, essentiellement, des forêts, des pâturages, des terres cultivées mais parfois aussi des biens bâtis à la disposition des habitants : lavoir, fontaine, four à pain… Les membres de la section sont les habitants permanents du hameau ou du village, ayant leur domicile réel et fixe sur le territoire de la section. Ce qu’il faut saisir ici, c’est cette solidarité ancestrale qui ne laissait personne dans le plus grand dénuement, le droit de cueillette, comme celui de pâturage et de bois de chauffage, se voyaient ainsi garantis par l’existence de ces terres communautaires.  Une tradition qui perdure en Margeride. Sur ces hautes terres, elle a toujours du sens et les habitants y sont très attachés.